Philibert Humm écrit des chroniques et des livres « à l’usage de ceux qui veulent aller très loin sans s’éloigner outre mesure ».

Une pratique devenue une tendance forte avec le confinement.

Jean-Marc Laurent

 

Philibert Humm est un grand explorateur adepte du voyage précaire et de proximité, sans GPS et dans des voitures brinquebalantes. « J’aime les autos qui chantent, qui vibrent et qui peuvent vous lâcher dans la côte. C’est ce qui rend l’instant exaltant », justifie l’écrivain journaliste tout juste trentenaire.

Avec le confinement, sa passion des odyssées sans dépasser les frontières est devenue une tendance du temps. Philibert Humm avait raconté une première escapade avec son copain d’enfance Pierre Adrian ( Le tour de la France par deux enfants d’aujourd’hui, Pocket) sur les traces des deux jeunes héros de la III e  République du livre d’Augustine Fouillée.

Chroniqueur théâtral au Figaro , Philibert Humm a profité de la fermeture des salles l’an dernier pour quitter ses habits de journaliste sédentaire et s’évader pendant trois semaines à bord d’un vieux Combi Volkswagen, pour tenir au retour la chronique de cette « flânerie de 5.000 bornes » dans 12 dernières pages du Figaro .

Nourri aux albums de Tintin –« Je lui dois le goût de la bougeotte et de trouver mille prétextes pour prendre la poudre d’escampette » – l’aventurier diagnostique avoir été atteint très tôt par ce que son copain Samuel Adrian définit parLe syndrome de Tom Sawyer (Ed. Équateur, 2019) : un goût déraisonnable pour les récits d’aventures, l’art de la fugue et « l’oisiveté des chemins ».

« Je suis incapable d’inventer des mondes, confesse l’écrivain voyageur. Quand je vais en Amazonie c’est en Amazonie auvergnate. »

C’est ainsi que son « tour du monde sans quitter la France » l’a conduit à Queuille dans le Puy-de-Dôme, Coutances, « la Tolède du Contentin », Montargis, « la Venise du Gâtinais »…

 

 

Magie de l’auto-stop

« En fait, je cours davantage après les Français qu’après la France. Toutes ces petites histoires additionnées disent quelque chose de l’âme d’un pays ».

Alors justement, quelle est la température ? « Changeante, répond Philibert. Un an avant les Gilets jaunes, avec Pierre Adrian, nous l’avions mesurée à hauteur d’homme. Ce que je ressens aujourd’hui, c’est que la grogne que l’on entend sur les réseaux sociaux n’est pas forcément représentative de l’opinion. La France est moins hargneuse qu’elle peut sembler sur Facebook. »

Regroupées dans un livre, Les tribulations d’un Français en France (Ed. du Rocher), ces petits portraits de France et de Français, sont accompagnés des chroniques d’un voyage antérieur, réalisé en juin 2016 pour une série d’été pour Paris Match . Chroniques d’une semaine en auto-stop en brandissant une pancarte « N’importe où ».

« La magie de l’auto-stop est de passer du coq à l’âne en découvrant la diversité étonnante des Français. Ici, pas de relation commerciale comme dans le covoiturage, le panel des rencontres est plus large, entre un routier slovène et le chauffeur d’un corbillard en Aveyron. »

Point d’entrée « primordial » dans les villages visités, le café occupe une place centrale dans les chroniques de Philibert Humm. « La température d’un pays se prend par le coude », revendique celui qui vient de sortir un nouveau livre hommage au comptoir, co-signé avec Pierre Adrian : La Micheline, Guide des petits cafés de Franc e (Équateur).

« À 10 ans, on m’offrait un vélo, on ne m’a plus jamais revu », disait Paul Morand. Philibert Humm s’est souvenu de la phrase en quittant Le Figaro pour vivre et écrire de nouvelles épopées. La prochaine est une descente de la Seine sur un vieux canoë, de Paris jusqu’à la mer. Trois jeunes hommes sur un bateau en hommage à Jerome K. Jerome.

 

Philibert Humm animera une rencontre dédicace mardi 6 juillet à 19 heures à l’Hôtel littéraire Vialatte à Clermont-Ferrand.