Constantin / Stendhal : « Idées italiennes sur quelques tableaux célèbres » de Jacques Letertre

 

 

Ce livre de 1840, dont l’Hôtel Littéraire Stendhal possède l’édition originale grandes marges, avec une eau forte frontispice représentant la Porte Settimnia dans le Trastevere, et dans une reliure italienne d’époque en parchemin, a été écrit en grande partie par Stendhal et publié sous le nom de l’un de ses amis, Abraham Constantin.

 

 

 

   Constantin était un peintre genevois, ami du baron Gérard et d’Ingres. Il résida vingt ans en Italie et connaissait Stendhal depuis 1826. Ils ont habité ensemble Via Candotti. Cette très grande proximité amena Stendhal à lui léguer ce qu’il possédait à Rome et en particulier le manuscrit d’Henry Brulard ainsi que celui de Souvenirs d’égotisme.

 

 

Portrait d’Abraham Constantin (1785-1855) en 1847 par Jeanne-Henriette Rath (1773-1856)
Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève

 

   Dans ses Promenades dans Rome, à la date du 6 janvier 1829, Stendhal écrit :

« Ce matin, nous avons rencontré à la Villa Ludovici, Constantin le célèbre peintre sur porcelaine…. »

 

 

 

   Ce texte, qui présente les idées et les réflexions de Constantin sur la peinture italienne, est entièrement repensé et réécrit par Stendhal dont on reconnaît aisément le style et les références culturelles préférées : Molière, Racine, Corneille, etc. Le goût de Constantin et de Stendhal est très éloigné du nôtre : il s’agit d’un guide à l’usage de voyageurs raffinés du début du XIXe siècle.

 

   Tous deux aimaient Raphaël plus que tout. Stendhal disait que Constantin était « l’homme de son temps qui a le mieux connu Raphaël et qui l’a le mieux reproduit »

 

Abraham Constantin, d’après Raphaël, L’École d’Athènes, 1833.
Photo (C) RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Martine Beck-Coppola

 

   À noter que Constantin a été avec Romain Colomb l’un des deux signataires de l’acte de sépulture de Stendhal en 1842.

 

Tombe de Stendhal, cimetière de Montmartre, Paris, France

 

   Au début uniquement attribué à Constantin, la découverte en 1923, à la bibliothèque de Grenoble, du brouillon stendhalien d’un chapitre et en 1924 du dossier du Cabinet Vieusseux à Florence, fit de ce livre la grande découverte des années 20 en matière d’études stendhaliennes.

 

 

 

Depuis cette date, il figure dans la deuxième édition des Œuvres Complètes de Stendhal au Divan, en 1927.

 

 

Jacques Letertre