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La bibliothèque de la Société des Hôtels Littéraires s’enrichit d’une nouvelle pièce.

Au Salon International du Livre Rare qui se tenait au Grand Palais du 13 au 15 avril 2018, nous avons acquis l’édition originale d’un petit livre de Roger Nimier. Il s’agit de la nouvelle intitulée Une forte tête où il réalise un pastiche fort réussi de son ami Marcel Aymé.

C’est un de ses premiers livres, publié en 1943 puis offert à Marcel Aymé avec cette dédicace : « Hommage respectueux de l’auteur. Mais qui est l’auteur ? Roger Nimier, juin 1947 ».

Une nouvelle version fut publiée en 1947 avec cette mention : « Une forte tête, nouvelle inécrite de Marcel Aymé. », puis une troisième en 1953 dans La Parisienne, reprise dans le recueil Bal chez le gouverneur (L’Herne, 2012).

L’histoire contée par Nimier est remplie d’humour et elle correspond au style comme aux thèmes chers à Marcel Aymé. L’incipit le prouve : « Il y avait une fois un homme qui s’appelait Chameau Gaston-Ferdinand et qui avait deux têtes. » Il va de soi que ces noms font respectivement allusion à Gallimard et à Céline.

Notre héros, charcutier de son état, use l’une de ses têtes pour exercer sa profession, et l’autre pour remplir ses devoirs politiques de citoyen républicain. Mais sa femme voit les choses d’un autre œil et, aidée de leurs voisins, presse son mari d’avoir une troisième tête afin de se consacrer davantage à sa famille.

« Il se résolut un matin ; d’un seul coup il lui poussa une troisième tête, qu’il réservait dans le fond de son cœur à la chose impudique. De ce jour, Chameau ne connut plus de bornes. Il courut le jupon, que c’en était une indignation. Nulle décence. Il eut jusqu’à sept liaisons à la fois. »

Mais Chameau délaisse toujours sa femme légitime qui décide de se venger en lui coupant quelques-unes de ses milliers de têtes. Lui-même s’amuse à égaliser ce qui lui reste jusqu’à la catastrophe finale où son épouse détruit par inadvertance la dernière…

On retrouve dans cette nouvelle toute l’admiration que vouait Roger Nimier à son illustre aîné et sa fascination pour l’aisance de Marcel Aymé à unir le réel et le fantastique dans ses histoires.

Les bibliophiles pourront venir admirer ce livre dans les vitrines de l’Hôtel Littéraire Marcel Aymé, situé 16 rue Tholozé à Montmartre. Pour les bibliophiles, il y est précisé avec humour qu’il « a été tiré un exemplaire unique sur Japon impérial nacré, portant les illustrations de Chas-Laborde reproduites par le luminosif Agatempéroscolif».