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Proust-Monde. Quand les écrivains étrangers lisent Proust (Folio)
20 septembre 2022|19 h 00 min - 21 h 00 min
100 ans après la mort de Proust : un regard mondial sur la Recherche et son auteur
Il est temps de faire le bilan : cent ans après la mort de son auteur, pourquoi la Recherche est-elle toujours autant lue, toujours aussi obsédante ? Lire ou ne pas lire Proust ? Comment, après lui, parler des effets du temps sur nous, des phénomènes de mémoire involontaire, de la solitude de celui qui aime, de la jalousie et du désir ? Tout écrivain se confronte un jour à Proust. Chaque lecteur transpose la Recherche dans sa réalité, de même que Proust n’a cessé de transposer (transfigurer !) son expérience vécue dans son oeuvre.
Les chagrins d’enfance du narrateur inspirent l’Autrichien Rilke, tandis que, dans l’univers francophone, l’Algérien Kateb Yacine explore ce traumatisme au miroir de l’épreuve coloniale. Mais, au-delà du grand homme de lettres, Proust est devenu une figure familière, à laquelle tente de s’accrocher Varlam Chalamov perdu dans le désert blanc du goulag. Une familiarité qui explique que la Recherche irrigue de ses paysages (réels et mentaux) l’ensemble du monde culturel occidental : un scénario (non réalisé) de Visconti, se concluant sur la fameuse scène d’ouverture de la Recherche, en témoigne.
Cette familiarité se redouble pourtant d’un sentiment de radicale étrangeté : au congrès des écrivains soviétiques de 1934, Proust est rejeté par une bonne partie de l’intelligentsia communiste internationale comme un écrivain décadent, créateur d’un univers morbide. Mais le dégoût que suscite le maniérisme proustien (qui s’étend bien au-delà des écrivains engagés) révèle pourtant une véritable fascination pour une œuvre monstrueuse, comme le détaille Gombrowicz dans son journal.
L’ambivalence d’une écriture qui se fait monde donne à la Recherche une résonance philosophique, qu’explore Adorno en analysant la figure du snob chez Proust.